Isobel, l'âme écossaise

Châteaux hantés, monstres mystérieux, clans d’immortels… L’Écosse est une terre de légendes, et si on cherche encore des explications à certains de ses mystères, son sens de l’hospitalité, lui, est bien réel. Coup de cœur immense pour l’accueil des écossais, ceux des villes, ceux des Highlands, ceux des îles. Je vous emmène en voyage, chez Isobel, qui nous a accueilli chez elle, à Luskentyre, sur l’île de Harris.

C’est une lande côtière au bout du monde, boursouflée par les dunes, balayée par les vents. Quelques maisons s’y sont réfugiées naguère, formant plus ou moins un hameau, Luskentyre. Une single-track road y mène. Longue de plusieurs kilomètres, elle se faufile dans les prés, le long d’un lagon turquoise qui se remplit et se vide au rythme des marées. Au-delà du village, un cul-de-sac. La route s’arrête avant la plage, la plus belle du pays.

Au n°5 habite Isobel, son mari et son chien. Elle loue l’étage de sa maison et deux cottages dans les environs. Notre bus s’arrête devant la porte, le chauffeur nous demande s’il doit attendre. Je lui dis que tout ira bien.

Isobel nous accueille chez elle. Le premier étage est notre espace privé : deux chambres, un salon, une salle de bain et une cuisine. L’excès de tweed est manifeste mais l’ensemble est par ailleurs impeccablement décoré, minutieusement soigné. La baie s’affiche par bribes, saupoudre notre univers. Je m’égare à une fenêtre, cherche à l’ouvrir. Le vent s’engouffre, les rideaux s’envolent, le salon danse…. N’oublions pas que nous sommes sur une île au milieu de l’Atlantique.

Le voisin est la star internationale de la fabrication du tweed. Lui et Isobel sont cousins, du clan MacKay. On peut toquer à sa porte si cela nous chante. S’il est là, il nous servira un verre de whisky et quelques-uns de ses secrets.

Le petit déjeuner est servi dans le grand salon au rez-de-chaussée. La large vitre ne laisse pas de place au doute. Ce bout du monde est une merveille. Ce n’est pas un hôtel, c’est bien mieux. Service à table, mets délicieux, fruits variés. Isobel est chaque matin aux petits soins.

Nous sommes sans voiture. Elle nous propose de nous emmener jusqu’à l’arrêt de bus, 4km plus loin. Un autre jour, l’heure du départ, elle nous dépose à Tarbert, la capitale de l’île. Nous n’avons rien demandé, cela fait partie du service, nous sommes ses invités. Le premier restaurant est à 2 heures de marche, elle propose de nous y emmener. Mais pourquoi aller ailleurs qu’ici, où nous sommes si bien aujourd’hui ?

Elle aime son île, loin de la ville, et les gens qui viennent jusqu’ici l’aiment aussi. L’été, elle reçoit des randonneurs et des voyageurs, des couples et des familles. L’hiver, à la saison des tempêtes, elle héberge des photographes venus saisir l’éclat des vagues et les lumières diffuses des Hébrides Extérieures.

La maison d’Isobel, au N°5 du village de Luskentyre sur l’île de Harris, est une pépite dans le plus enchanteur des cadres. Elle est le sens même de l’hospitalité dans une contrée perdue, les confins d’un pays où l’on accueille les voyageurs comme des seigneurs.