Abisko, la Porte de Laponie
Perdue aux confins de la Laponie suédoise, au-delà du cercle polaire, Abisko est l’été le paradis de la randonnée et offre l’hiver le spectacle magique des aurores boréales. Son Parc National et son observatoire des nuits polaires – l’Aurora Sky station – forment la promesse d’un voyage en immersion dans la nature. Que faire l’été à Abisko ? Où dormir ? Je vous dis tout dans mon récit de voyage : Abisko, la porte de Laponie.
Jour 3 : Train express pour la Laponie
On me l’avait dit, les trains pour Abisko sont complets, toujours. Pour éviter toute mésaventure, j’avais pris soin de réserver trois billets Lulea - Abisko sur le site des chemins de fer suédois. C’est donc à ma grande surprise ce matin que je pénètre dans une gare déserte et dans un wagon vide.
En fait, c’est à Boden que tout le monde monte. Boden, c’est la gare qui connecte le sud du pays et la voie ferrée de Laponie. Ça y est, la foule se presse dans la voiture 52. L’ensemble des sièges trouve son propriétaire. Le train peut repartir au complet, à la découverte de la grande Laponie.
Nous roulons pendant 5 heures jusqu’à Abisko Östra, dans un décor aux airs de bout du monde, de plus en plus sauvage et montagneux. Nous traversons plusieurs cités minières, la montagne éventrée de Kiruna nous rappelle la ville de Potosi en Bolivie.
Ce train n’est pas comme les autres, c’est celui du fer, un minerai extrait des bons filons suédois et acheminé jusqu’à Narvik en Norvège. La voie n’a pas d’autre raison d’exister, mais elle offre aujourd’hui un périple sur-mesure aux âmes voyageuses.
Peu avant Gallivare, nous franchissons le Cercle polaire pour la première fois de notre vie. Je passe ce moment d’importance à changer une couche.
Et oui, c’est ça aussi la vie de parent voyageur.
À notre arrivée à Abisko Östra, j’apprécie l’accueil chaleureux de l’Abisko Guesthouse, notre lieu d’étape pour trois nuits. C’est une auberge de jeunesse qui propose également des logements partagés. Nous dormirons trois nuits dans une maison du village avec un couple d’allemands. Chacun possède sa chambre et dispose d’une salle de bain privée, le salon et la cuisine sont en commun. C’est un système qui me rappelle mes années d’étudiant, bien pratique pour se nourrir dans une localité où le seul restaurant ne sert que deux plats : le burger au renne et la pizza pepperoni. Le Coop local est super grand, quelle bonne nouvelle !
Où dormir à Abisko :
Abisko Guesthouse
L’Abisko Guesthouse loue des chambres privées ou partagées dans sa grande bâtisse jaune juste en face du Coop, également des logements dans le village. Le choix est varié et s’adresse à tous les voyageurs.
On retrouve tous les services d’une auberge de jeunesse (laverie, cuisine, excursions…), ils sont proposés avec un franc sourire et un vrai sens de l’hospitalité.
Nous avons dormi trois nuits dans une maison à quelques pas de la guesthouse, un hébergement que nous partagions avec un couple voyageur. L’espace privé est assez vaste, il comprend la chambre et une salle de bain. Les espaces communs, le salon et la cuisine, sont modernes et bien équipés. Le tout s’organise de plein pied, sans étage et sans jardin. Un parking permet de se garer si vous êtes en voiture.
Infos et réservations : Abisko Guesthouse
Pour finir cette journée, nous choisissons d’aller faire un tour au bord du lac Torneträsk, le grand lac de la région, à 10 minutes à pied du village. C’est une balade à faire quand le soleil est au plus bas sur l’horizon, pour profiter des lumières du soir. En tout cas, j’apprécie l’ambiance sereine qui s’en dégage à cette heure-là.
À Abisko, on peut saisir le soleil de minuit de Mai à Juillet. Début Août, au moment de notre voyage, l’astre se couche quelques heures mais la lumière ne s’enfuit jamais totalement. Pour preuve, à 22h30, il nous offre encore un superbe arc-en-ciel.
Jour 4 : Les sentiers du Parc National
Nous voilà donc à Abisko, cette bourgade perdue tout au nord du Royaume de Suède, porte d’entrée du Kungsleden, voie royale du trek qui traverse le pays sur 430km. Au paradis des marcheurs, nous enfilons pour la première fois du voyage nos chaussures de randonnée, à la découverte du Parc National d’Abisko.
Le départ se fait en début de matinée, et pour Héloïse, 9 mois, c’est tout simplement la première randonnée de sa vie. Elle se love bien calée contre Papa dans son Ergobab de compétition.
Nous rejoignons d’abord la Turiststation, Située à 2,5km du village, c’est le centre touristique de la ville et la porte d’entrée des sentiers du Parc. J’y glane la carte des randonnées et quelques indications. Pour la première balade de bébé, et avec ce temps incertain, nous partons faire une boucle vers le lac Niahkajavri (Un nom à retenir pour votre prochaine dictée).
Le chemin suit dans une forêt des bouleaux les les premiers kilomètres du Kungsleden et les flots agités de la rivière Abiskojakka. Le cours d’eau offre les plus belles réjouissances du parcours. Il y a d’abord ce canyon de dolomie aux tumultueux rapides. il y a plus loin ce point de vue émeraude sur une boucle de la rivière à 180°, un arrêt obligatoire si vous pratiquez le yoga, puisqu’une pierre « Meditationsplats » y invite à la méditation. Si comme moi ce n’est pas le cas, le panorama entre rivières, forêts et montagnes suffira à vous ravir.
De gros nuages s’amoncellent quand nous repartons de ce point d’équilibre, l’orage s’approche, il gronde déjà au loin. Nous accélérons le rythme pour la deuxième partie de la boucle et ne faisons qu’effleurer les rives du lac Niahhkajavri. Le chemin se poursuit sur des passerelles de bois, nous traversons des zones marécageuses où le panorama s’ouvre sur les sommets des environs. C’est un très joli parcours aux paysages surprenants. Je me plais à avancer ici, malgré le ciel menaçant et le soleil fuyant.
L’averse nous a épargné. Puisqu’elle nous fuit, on se moque d’elle, on la nargue même en faisant du zèle. La randonnée autour du lac Niahhkajavri achevée, nous rejoignons un second canyon en aval de la route pour profiter un peu plus des magnifiques paysages que la Laponie nous offre aujourd’hui.
Quand la pluie sévit pour de bon en fin de journée, nous avons eu le temps d’achever notre parcours et de regagner nos quartiers dans la bourgade d’Abisko Östra.
Abisko Ostra ou Abisko Turiststation ?
Pour votre logement à Abisko, vous avez le choix entre Abisko Östra et la Turiststation, tous deux séparés d’environ 3km.
Abisko Östra, malgré ses rues désertes, est ce qui ressemble le plus à une petite ville. C’est ici que nous avons dormi, et c’est ici que vous trouverez le plus de solutions d’hébergements, un supermarché, une station essence (qui ne vous servira guère si vous n’avez pas de voiture) et même un restaurant.
Abisko Turiststation est en fait un complexe hôtelier au pied des pistes et des sentiers. L’entrée du parc National est tout à côté, le télésiège pour l’Aurora Sky station également. Le bâtiment principal intègre un bar, un restaurant et une petite épicerie. Il y a également une cuisine pour préparer ses propres repas. Nous y avons bu un verre et j’ai trouvé que l’ambiance y était chaleureuse. Le prix des chambres est pour les budgets confortables : à partir de 150 € la nuit.
Un large chemin relie les deux sites. Il se parcourt à pied l’été (35 minutes de marche) l’hiver en ski de fond ou motoneige. Des bus (rares) et des trains (rares) permettent de raccourcir le temps de trajet.
Mon avis : Turiststation vous rapproche du Parc National, c’est un avantage indéniable. Vous aurez raison d’y dormir si votre budget le permet. Ceci dit, séjourner à Abisko Östra ne vous empêchera pas de profiter du Parc National. Il faudra simplement marcher 35mn de plus matin et soir.
Jour 5 : En télésiège sur le Mont Njulla
Ce matin, le temps est plus mauvais que je ne l’avais imaginé. Parti de pas très bonne heure, on se fait surprendre par des trombes d’eau au bout de quelques minutes. Notre refuge sera la gare du village, aux allures de Ministère de la mine. Faux départ, on rentre pour sécher nos affaires, et on retente notre chance en début d’après-midi quand la pluie a cessé. Cette fois, c’est la bonne !
Comme hier, nous retournons vers la Turiststation et continuons notre chemin un peu plus loin pour rejoindre la seule remontée mécanique de la vallée, le télésiège biplace qui gravit les pentes du Mont Njulla. Après le Monte Solaro à Capri, c’est déjà la deuxième grimpette en télésiège pour notre mini-voyageuse.
Les horaires d’ouverture ne nous laissent qu’une petite heure pour profiter du paysage, sauf à rentrer à pied, ce qui devant l’instabilité du ciel ne nous semble pas la meilleure option. Plutôt que de courir jusqu’au sommet du Mont Njulla qui a la tête dans les nuages, nous marchons vers une série de cairns disséminés le long des crêtes. Des uns aux autres, je pose mon regard sur ces paysages grandioses. C’est donc cela les grands espaces de Laponie ! Si seulement il y avait un rayon de soleil…
La descente en télésiège dure 20 minutes, et vous savez quoi, c’est le même temps pour la montée. On n’est de toute façon pas pressés de remettre les pieds sur terre.
Avis aux amateurs d’astronomie
C’est sur ce site, au sommet du télésiège que se trouve l’Aurora Sky Station, le centre d’observation des nuits polaires. C’est l’hiver l’un des meilleurs endroits au monde pour observer les aurores boréales. Le centre organise des visites nocturnes. Petit café ouvert la journée. Couvrez-vous bien !Le voyage
En Suède et en Norvège, au-delà du cercle polaire
Article : Abisko, la Porte de Laponie